Suite à la séance de neurotraining j'ai un contrecoup assez bizarre.
Il est normal qu'en faisant disparaitre des schémas aussi profonds une remise en question se présente dans les jours qui viennent.
Plus les schémas sont profonds plus mon "monde illusoire" se redéfinit après une séance, et après 10 ans de travail presque quotidien les schémas qui sautent en thérapie sont très profonds.
Le fait de réaliser que mon "nom" n'est qu'un fardeau qu'on m'a imposé m'en a libéré.
Du coup J'ai du mal à me définir, à définir "ma forme" et qui "je suis" : la signification de notre nom est quelque chose de très profond en nous semble t-il même si nous n'en avons pas
conscience.
La peur d'être en retard ayant toujours été un pilier de mon fonctionnement (tout est toujours planifié dans mon emploi du temps pour éviter le retard) je me retrouve un peu bizarre dans ma
perception du temps.
En fait depuis deux jours je suis beaucoup plus présent ici et maintenant :la peur d'être en retard dans mon activité suivante de la journée ayant disparu, je peux profiter de ce que je fais ici et
maintenant sans que mon Ego me fasse passer en mode "stressé".
J'en profite pour travailler la présence et laisser venir ce qui vient sur le sujet.
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Après une journée bizarre et décalée, voici un point sur la question.
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1) Définition de nous mêmes
C'est ce que la structure mentale crée tous les jours à partir de notre éducation.
Je suis petit, grand, gros maigre etc.. => je me créé une forme
Je suis informaticien, boucher, magasinier etc.. => je me définis dans la société
Je suis en retard, pressé, absent etc.. => je me définis dans le temps
Je suis content, triste, joyeux etc.. => je me définis une émotion
Ceci est un processus de création constant.
Nous nous définissons et en faisant cela nous nous créons.
Nous nous enfermons dans une forme et dans une définition de nous même : c'est un cercle vicieux; et ce faisant nous limitons nos possibilités et notre pouvoir.
"JE SUIS" est l'affirmation de l'action d'exister dans le monde réel.
Aucune pensée, aucune phrase ne devrait dépasser ces deux mots lorsque nous nous définissons.
Tout ce qui est mis après est une illusion du mental : c'est la construction de notre "forme illusoire" et cela limite notre pouvoir et nous enferme dans l'impuissance d'une forme.
Nous pouvons nous définir comme le plus grand des géants, mais qu'est ce que cela comparé à notre nature d'univers infini et tout puissant?
Quelle que soit la forme dans laquelle nous nous enfermons elle sera forcément toujours inferieure à ce que nous sommes vraiment sinon nous ne pourrions pas la créer !
"Ce n'est pas le corps qui contient l'âme, mais l'âme qui contient le corps!"
La voie du magicien de Deepack Chopra.
2) Présence ici et maintenant : le "temps".
Nous sommes soit dans l'extrapolation : ce week end je vais faire ceci, ce soir je vais regarder cela à la télé, il faut qu'a 13h30 je sois à tel endroit etc.. soit dans le regret : c'était bien le
week end dernier, c'était bien mes dernières vacances, pourquoi j'ai pas fait ceci ou cela etc..
Grace à cela l'Ego nous dépossède de notre pouvoir.
Dans le monde réel il n'existe qu'un éternel moment présent. C'est le mental qui invente un passé et un futur : ces choses n'existent pas.
Si nous ne sommes pas "ici et maintenant" nous ne créons plus consciemment notre réalité : nous dispersons notre énergie pour rien, puisque nous fuyons la réalité au lieu d'être dans l'instant
présent.
"Nous n’avons pas à faire d’effort pour être, car l’acceptation est la spontanéité même.
Il n’y a besoin d’aucun temps pour être ici et maintenant, par contre, il faut nécessairement du temps pour refuser d’être ici et maintenant."
Qui plus est la réponse de l'Ego à une expérience donnée sera toujours décalée avec un vieux schéma mental mémorisé au lieu de laisser jaillir "l’action juste" de l'intuition.
"Plus nous différons la réponse à la situation d’expérience présente, moins la réponse sera juste, car le mental entrant en scène va compliquer les choses.
Inversement, si nous sommes intensément présents, ce n’est plus l’intellectualité émotionnelle du mental qui va parler.
La réponse à ce qui est, émanera d’une source bien plus profonde et sera nettement plus inspirée"
(citations issu d'un cours de philosophie en ligne extrêmement intéressant sur le sujet bien qu'un peu compliqué :
http://sergecar.club.fr/cours/corps_emotionnel.htm)
3) Identification aux pensées et au corps
Le monologue est incessant dans notre tête : la voix essaye toujours de nous faire fuir le présent et de juger quelque chose. Ces pensées sont extérieures à nous. Quand on a compris cela on
peut "laisser passer les pensées"
Au lieu de ressentir notre corps, nous projetons une forme.
Lorsqu'on a compris que le corps n'est lui même qu'une pensée projetée dans nous même(qui est sans forme) on peut "le laisser passer" comme une pensée.
Il ne reste que l'absence de forme qui se perçoit comme de l'énergie dont la limite est indéfinie: une vague de conscience sur un océan invisible.(on l'expérimente facilement après une heure
de méditation mais il est plus dur de l'expérimenter dans l'action : c'est un état qui va et vient.)
Lorsque l'exercice de perception sans projection est intégré on ne perçoit que l'énergie et non plus la main ou l'extrémité pendant la "présence".
Alors que je pratique dans la rue je comprends soudain ceci:
Si je projette ma forme, je projette également celle des autres, car je suis une vague sur un océan qui croise d'autres vagues du même océan.
C'est mon mental qui leur donne des formes, et qui ironiquement "juge" ensuite ces formes avec des pensées : regarde comme elle est pas belle, comme il est gros, comme il a l'air méchant.
Mais c'est mon Ego qui leur donne cette apparence ! Ca n'est pas ce que sont les autres réellement, c'est ce que je projette sur eux !
Il ne sert à rien de "juger" une apparence qui n'est que le fruit de mon imagination : il suffit de laisser faire l'action juste dans "l'ici et maintenant".
Par exemple :
Normalement si je vois un type qui a l'air agressif, je me prépare à me battre en le croisant ou bien je fais un détour pour l'éviter.
Mais c'est mon mental qui dit qu'il a l'air agressif. Ca n'est pas forcément la réalité. Le jugement et l'action que j'aurais faits sont donc une illusion.
A la place il suffit de passer sans juger en étant présent. Si on est présent et que la personne nous agresse alors la réponse à l'agression sera la réponse juste, et si comme il est probable
il n'y a rien à craindre alors tout se passe bien : c'est le secret des arts martiaux et de la voie du samouraï.
La réponse vient "des profondeurs de l'être" : l'action juste étant un coup de sabre mortel placé sans réfléchir* ou un passage sans rien faire, le tout complètement présent et décontracté :
l'intuition devient l'action.
*ou une esquive et la fuite si on n’est pas un grand samouraï :)
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Les voies directes de recherche de l'éveil que je connais sont :
- zazen (méditation) => on laisse passer les pensées et le corps en accrochant son attention au corps énergétique sans le juger.
- "la présence" qui revient au même en mouvement et dans l'action, le meilleur exemple de ceci étant la voie du samouraï qui, en se considérant comme mort au quotidien est "sans forme" et "sans
but" : il n'est que "l'action juste" dans l'éternel moment présent.
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L'instant présent
On demanda un jour à un maître qui savait méditer,
comment il faisait pour être si recueilli, en dépit de toutes ses occupations.
Il répondit:
Quand je me lève, je me lève.
Quand je marche, je marche.
Quand je suis assis, Je suis assis.
Quand je mange, je mange.
Quand je parle, je parle.
Les gens l'interrompirent en lui disant:
"Nous faisons de même, mais que fais-tu de plus ?"
Quand je me lève, je me lève.
Quand je marche, je marche.
Quand je suis assis, je suis assis.
Quand je mange, je mange.
Quand je parle, je parle.
Les gens lui dirent encore une fois:
"C'est ce que nous faisons aussi !"
Non, leur répondit-il.
Quand vous êtes assis, vous vous levez déjà.
Quand vous vous levez, vous courez déjà.
Quand vous courez, vous êtes déjà au but...
Présentement !
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"L’homme, livré au temps, est une créature évanescente, qui court après des ombres et des ombres projetées par son propre déplacement dans le temps. Aussi, parce qu’il est incapable d’être ici et
maintenant, il veut être diverti, par la sollicitation d’un quelconque ailleurs. Il lui faut toujours trouver une « occupation » à sa pensée fiévreuse et inquiète. Ailleurs, c’est toujours mieux
qu’ici ! Voilà la chanson qu’entonnent nos désirs et ce que nous répète souvent la publicité. Le Maintenant, mesuré à l’aune de nos désirs, est si pauvre, si dépourvu d’intérêt comparé à ce qu’il «
pourrait être », qu’il ne vaut rien. «Ah !» se dit l’homme malade du temps, «si je pouvais avoir... si la vie était plus juste, si je gagnais au loto, si ... ! » La meilleure façon d’assassiner le
présent, c’est de lui préférer un «si » - le plus névrotique ou le plus rationnel, c’est à choisir ! En effet, comparé avec un si, le présent est insipide et nous ennuie. Il a été vidé de son sens
par le seul effet de la comparaison. Notre pensée, chevauchant nos désirs, est là pour nous dérober le seul temps qui pourrait nous appartenir et où il ferait bon vivre. Le souvenir est alors une
sorte de refuge plaisant contre les déceptions d’aujourd’hui. Les projets lancés en l’air sont autant de fuites stimulantes en avant, contre ce présent ridicule qui n’atteint jamais la mesure de
nos attentes. Du coup, bien que placé dans le présent, nous ne pouvons lui accorder ni intérêt, ni sérieux, ni même un véritable investissement. Nous ne pouvons pas le faire en dehors de sa
concordance avec nos désirs. Alors notre présent est toujours décevant. Et dès que le désir est là, il y a le temps psychologique de l’Ego, et la guerre avec le réel commence. Le temps nous rend
aussi inquiet qu’il nous rend batailleur, stupide, et superficiel. Et malheureux surtout."
(citation: http://sergecar.club.fr/cours/corps_emotionnel.htm)
La présence apporte la jouissance de l'instant présent : jouir de la vie elle même et de l'action d'exister "JE SUIS" est le plus grand bonheur qui soit !
Aucune action du monde illusoire n'apporte plus de jouissance , c'est ça le grand mensonge de l'Ego !
Mais nous sommes tellement empêtrés dans les drames et les mensonges du mental que nous nous sommes coupés de cette jouissance : nous ne l'expérimentons pratiquement plus dans notre vie à part
pendant quelques instants "de grâce" dont nous nous rappelons généralement avec émotion : un instant "parfait".
Mais nous ne comprenons pas que la seule chose qui rendait cet instant parfait était notre présence dans notre "vraie nature" ici et maintenant et en dehors de l'Ego et non pas la nature de
l'action illusoire!
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Retourner dans le moment présent et ne plus le quitter cache à mon sens encore plus de secrets malgré l'extrême difficulté de l'exercice.
Continuons à expérimenter...